« La musique adoucit les mœurs », ce dicton populaire attribué à Aristote, reconnait implicitement (sans tambour ni trompette) le pouvoir des sons harmonieux et leurs effets sur le mental.
La raison de ce pouvoir c'est la pure Conscience auquel le potentiel d’intelligence créatrice est reliée.
« Dans l’univers, tout est énergie, tout est vibration, de l’infiniment petit à l’infiniment grand… » Albert Einstein (19è Siècle)
« Tout est énergie, tout est vibration, dans l’univers, de l’infiniment petit à l’infiniment grand… » Les Rishis (2500 ans avant Christ).
Vue de la cime des Védas, la révélation d’Albert n’était qu’un bond en arrière dans la métaphysique antique des Rishis, ces voyants (lumineux) qui, semblables à de doctes savants, établis dans la Conscience de l’Unité, fondèrent la science de l’être. Un bond en avant serait maintenant salutaire, car s’il est clairement admis par la science actuelle que le facteur commun entre toutes les vibrations de l’univers est l’énergie, la découverte (qui commence à dater) du Brahman par les Sages authentiques Indiens, et son intérêt, ne sont toujours pas à l’ordre du jour chez les scientifiques d’aujourd’hui.
L’Inde ne nous a pas seulement légué des enseignements spirituels validés par l’expérience, elle a aussi inventé les chiffres et le concept du zéro, qui permettent à la science moderne d’évoluer et d’échafauder toutes ses théories (exemple, la relativité).
Dans les traités antiques de la Connaissance de Soi de l’Inde, le principe de l’énergie pure est appelé śakti (Shakti). Paraśakti, la déesse primordiale, est le pouvoir de manifestation de la pure Conscience statique (brahman, paraśiva). Cette Mère universelle, avec la force dynamique du son et du langage qu’elle emploie, crée les formes diverses de la manifestation pour ainsi permettre à l’Absolu, sa face cachée, de jouer en tant qu’Essence dans la matière et dans les êtres en s’y incarnant.
La révélation intérieure
Durant la période védique, les Rishis célébrèrent la Vérité qui leur fut révélée en langage symbolique, dans des enseignements où des phonèmes, des mantras étincelants étaient soufflés dans l’oreille, dans des hymnes où les chants irradiaient les cœurs tendres, où les poèmes enflammaient l’esprit simple. Les noms varient selon les différentes traditions du Yoga pour qualifier ces êtres unifiés à la source, mais le sens reste le même, il s’agit de « ceux qui vibrent ».
Tout comme le Rishi, qui voit la vérité de l’absolue réalité, le Kavi, le poète est considéré comme le voyant des vibrations et de la lumière. Le Vipra, tout aussi inspiré, est celui qui voit brāhman.
Tous sont des chercheurs au sens véritable, l’intuition est leur outil principal, la manifestation est le champ d’expérience, le spectateur est la Conscience. Chacun d’eux contemple le monde au-delà de la forme et de la pensée, dans l’intimité de l’unité intérieure où la source créatrice est perçue comme énergie et lumière.
Ils voient par exemple le prana particulier dans le courant du rayonnement solaire, le feu dans les mots. Ils entendent la harpe de l’Infini et les chants de la Déesse qui informent et structurent l’univers en formes, du plus subtil jusqu’au plus grossier des niveaux de la création. Ces chercheurs ont trouvé, non pas une formule magique, mais la magie qui exprime la formule. Le Son et la Lumière, la Vibration et la Conscience.
Des mesures s’imposent
« Les lois qui régissent les sons sont les mêmes que celles qui régissent les Mondes ».
« Un son, c’est un nombre qui chante ». Pythagore
Au niveau quantique, les particules sont des ondes et leur forme est déterminée par le niveau d’énergie de la particule. Rappelons-nous que ce corps apparent de matière est essentiellement constitué d’atomes générateurs de courants d’ondes électromagnétiques. Nous émettons et nous recevons les vibrations à chaque instant sous forme d’ondes naturelles.
Aujourd’hui, en vertu du progrès matériel, nous évoluons dans un environnement criblé en permanence par des ondes artificielles radio-pulsées qui, bien que non perçues par l’ouïe, ont un impact certain sur le plan physique et le système nerveux des individus.
Le corps humain s’harmonise naturellement avec la vibration de la Terre, dite « fréquence de Schumann » qui oscille principalement à 7,8 Hz. Cette vibration est très proche de celle du rythme des ondes alpha humaines (8 Hz à 12 Hz), équivalentes à la relaxation légère ou éveil calme, et du pic des ondes thêta (4 à 8 Hz) correspondant à la relaxation profonde, la méditation et à un certain type de sommeil (paradoxal). En radiesthésie la mesure du taux vibratoire d’un sujet en bonne santé varie entre 7 000 et 9 000 unités Bovis (UB). Chez l’humain, le taux vibratoire varie donc d’un être à l’autre selon ses propres activités, son tempérament et son état mental.
L’extérieur et l’intérieur influent sur notre équilibre et notre capacité à être heureux.
Sur la même longueur d’onde
Chaque note de musique a une fréquence précise et une longueur d’onde qui correspond au déplacement de sa vibration. Les fréquences des ondes sonores perceptibles par l’être humain se situent approximativement entre 20 Hz et 20 kHz. Ce qui induit que nous n’entendons pas tout. Les maitres affirment que les vibrations de nos pensées retentissent dans notre espace vital et dans l’univers, et qu’elles ont une conséquence sur l’équilibre et l’ordre du monde.
Dans une vie bien remplie où la contemplation n’a pas de place, quelle musique jouons-nous ? Des variations harmonieuses ou cacophoniques ? Notre société diffuse en boucle sa symphonie au quotidien. Dans ce torrent d’informations et d’images qui nous accaparent, générant un mal entendu et entretenant la négativité ambiante, comment s’entendre avec soi-même ? Percevons-nous dans le tumulte la petite voix qui appelle au silence, au repos ? S’il y a désaccord de l’intellect rationnel avec l’âme, comment y remédier ? En Yoga, le remède à la disharmonie c’est l’accordage de l’instrument corps-mental.
Actionner le levier de recherche de l’harmonie permettra de ne plus seulement raisonner dans le tumulte du monde, mais de résonner en accord avec le mystère indicible lové en nous, celui-là même qui chante et qui danse en rêvant l’univers.
Sacrées fréquences…
La Conscience vibre en harmonie avec les impulsions sonores les plus subtiles de la création.
La Vina, l’instrument que tient la déesse Sarasvati, symbolise la rivière des vibrations qui a généré le monde et qui le maintienne. Les Rishis, forts de leur révélation et connaissance directe du processus créateur et des modulations vibratoires de Paraśakti à l’œuvre dans l’univers ont établi les fréquences des raga principaux. Ces ragas étaient considérés comme des dieux, ils ont jailli avec Garuda, le verbe ailé, dans le désir suprême du premier élan créateur de la Source.
La musique spirituelle de l’Inde, la musique *Gandharva (origine de la musique indienne sacrée et support principal du Yoga de la Voix), diffère des conceptions modernes relatives aux fréquences sacrées, en ce sens qu’ici toutes les fréquences des notes sont sacrées, elles proviennent de la même source, et sont toutes divines. Les notes spécifiques employées dans les ragas de l’Inde, bien que correspondant chacune à un chakra majeur particulier, ont une valeur énergétique qui influe en 3D, autant sur la surface que sur la profondeur du vivant, et sur son environnement, proche et lointain. Ici, la musique entre les notes, la micro-tonalité, est fondamentale ; elle accroit le potentiel sonore d’une gamme et son interaction physique et subtile. Les notes, reliées entre elles avec du son, se traduisent donc bien plus en termes d’énergie, partie intégrante d’un tout, qu’en termes de fréquences divisées. Le champ vibratoire d’une vocalisation sur une octave s’en trouve considérablement élargi. Un raga (mode, combinaison de notes distinctes), en générant une musique douée d’un pouvoir créateur spécifique, peut agir directement sur un centre particulier, mais il agira avant tout de façon holistique sur le physique, le vital, le mental et le supra mental, ce qui dynamise et harmonise naturellement nos courants sur tous les plans de l’être.
Monde enchanté
La musique modale de l’Inde et les phonèmes sanskrits conjuguent leurs mystères, et leurs forces vives. Leur chant délivre un message vocal, contenant un code particulier que peut aisément déchiffrer le subtil en nous.
« L’effet Gandharva » agit comme un agent purificateur sur les organes, le système nerveux et les nadis (canaux subtils), synchronisant les ondes cérébrales et tonifiant le cœur. La beauté du raga joue en faveur de l’émerveillement de celle ou de celui qui joue, mais c’est essentiellement la structure même de cette musique spirituelle qui lui donne son pouvoir libérateur, pacificateur.
En pratique cette musique augmente le taux vibratoire, vecteur de bien-être, et, point essentiel, elle impulse la révélation par son pouvoir transformateur. La détente profonde ou la méditation qui émerge spontanément nous porte à la transcendance, et à l’expérience des saveurs de la pure Conscience en nous (qui diffère de l’attention mentale). En chantant ou jouant la musique Gandharva, nous allons donc agir sur la matière et le subtil qui constituent ce corps, et répondre à l’appel de l’âme qui habite ce temple, invitant ainsi la Grâce divine à descendre et à vibrer de sa force absolue dans notre monde.
Le support principal du Yoga de la Voix étant la musique, la sadhana se pratique naturellement comme un art. La vie devient une œuvre à composer, une partition translucide qui s’écrit à chaque instant, un chant inspiré de notes de lumières et de silences pétillants qui se contemplent telles des aurores.
La vie est un hymne, le corps est l’instrument, l’âme interprète et la pure Conscience écoute.
Nous laissons le soin de conclure à un brillant kavi contemporain de notre époque :
« C’est en se mettant au service de la spiritualité que l’Art atteint sa plus haute perfection.
L’Art suprême sera celui qui, tout en satisfaisant aux exigences physiques du sens esthétique, aux canons de la beauté formelle, au besoin chez l’homme de s’émouvoir, de représenter la vie et la réalité extérieure, dépassera la satisfaction de ces nécessités pour exprimer une vérité spirituelle intime, la réalité cachée, sous-jacente des choses, la joie de Dieu dans le monde, sa beauté, le désir qu’on a de lui, ainsi que la manifestation d’une force et d’une énergie divines dans la création phénoménale. » Sri Aurobindo
Cet article intitulé : "Sons et Vibrations" a été écrit par L'Impératrice le 26 Décembre 2022 et publié par Virgine Artquantiel - Artisan de Lumière - Bioénergéticienne quantique - Chaman.
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